vendredi 21 décembre 2012

Mise à jour

Sept fois les pouces dans tes mains tu te tourneras avant d'écrire sur un sujet chaud...

On m'a transmis le graphique suivant (merci!):

tiré de ce site web . Le graphique a été produit avec les données disponibles sur Wikipedia en date du 19 décembre 2012, et ne concerne que les pays membres de le l'OCDE.

En terme de morts par 100 000 habitants, la Suisse arrive au 5ème rang après le Mexique, les USA, le Canada, la Finlande, alors que le nombre d'armes par 100 personnes. 2 fois moins d'armes en Suisse mais un peu plus de trois fois moins le nombre de morts qu'aux USA.

Du point de vue du ratio quantité d'armes en circulation/morts par armes, la Suisse fait donc mieux que les USA, mais difficile de s'en réjouir.

Je remarque par contre que ces chiffres incluent tous les décès, qu'on parle d'homicide, de suicide, d'accident. Si on compare les taux de la Suisse (0.52), le Canada (0.76) et les USA (3.7), les Suisses se suicident 7 fois plus qu'ils ne tuent, alors qu'aux USA, ce taux est légèrement supérieur à 2. Là se trouve une différence importante. Pas réjouissant non plus.

Du côté des homicides, toutes causes confondues, la Suisse en est à 0.7 par 100 000 habitants, les USA à 4.2.

Le bon vieil adage en statistiques s'applique: "Lies, damn lies and statistics". Toujours extrêment délicat à interpréter, surtout quand le sujet est chaud et l'émotivité est haute.

La journée commence en Suisse, je suis en vacances, et mes enfants me rappellent le plus important: les chiffres ne comptent plus quand il s'agit d'êtres chers.


jeudi 20 décembre 2012

Et si Newtown était en Suisse?

Je me disais que la question arriverait un jour, et je me la posais moi-même déjà en fait. La terrible tragédie de Newtown aux États-Unis relance le débat sur le lien entre la quantité d'armes en circulation, leur contrôle et l'incidence sur la criminalité avec les armes à feu.

Ces derniers jours, pleins d'opinions ont circulé, et je me disais bien que quelqu'un finirait par me demander: "Mais en Suisse, il y a beaucoup d'armes en circulation, qu'en est-il? N'est-ce pas un exemple que la quantité d'armes disponibles n'a pas de lien avec ce genre de tueries?"

Mettons les choses en perspective. Je suis arrivé en Suisse il y a un peu plus de six mois, et je ne peux certainement pas me proclamer expert en la matière. De ce que je constate, le tir au pistolet est un sport très populaire (c'est le sport national, en fait). Le service militaire quasi obligatoire fait que la presque totalité de la population masculine est initiée au maniement des armes à feu.

Par contre, j'ai cru comprendre que malgré le grand nombre d'armes en circulation, l'utilisation de celles-ci est très encadrée. La formation militaire est très rigoureuse, et l'acquisition d'armes est règlementée. Une fois que l'acquisition est autorisée, le port de l'arme ne l'est pas, autre permis. Je n'ai rencontré personne qui était armé (hormis les policiers!), seulement croisé des gens avec un étui, visiblement se dirigeant vers le champ de tir à proximité de mon lieu de travail. Les Suisses sont très disciplinés, et cette discipline se constate dans toutes les facettes de la vie ici, incluant le maniement des armes. La criminalité est très basse, mais pas inexistante. Sommes-nous à l'abri d'une telle tragédie ici? Sûrement pas, mais les risques sont minimes, à mon humble avis.

Cet été, au camp de jour qu'ont fréquenté mes garçons, le plus vieux a eu une sortie au champ de tir. Rien de plus normal pour un petit Suisse. Pareil comme d'aller aux glissades d'eau ou faire de l'hébertisme. Dans un contexte d'encadrement strict et à petite dose, la pratique est peut-être même bénéfique, elle conscientise aux dangers de la chose. Et Xavier n'a pas demandé une AK-47 au père Noël!

Je pense que toute comparaison avec les États-Unis ne tient pas la route: trop de différences au niveau de la culture, du niveau et du style de vie, de la mentalité, etc. J'ai de la difficulté à comprendre la base constitutionnelle américaine qui offre un droit pratiquement sans balise de porter une arme, basé sur le concept théorique qu'un gouvernement corrompu pourrait devoir être chassé du pouvoir par une action militaire civile. Je constate par contre qu'il sera extrêmement difficile de modifier ou restreindre ce droit qui est un des concepts de base de la fondation du pays. Obama aura du pain sur la planche, mais c'est son dernier mandat, il n'a plus rien a perdre. C'est une occasion de laisser un legs important à la société américaine (non, le port d'un fusil d'assaut ne devrait être ni normal, ni légal), mais aura-t-il les appuis nécessaires? Souhaitons-le.

Autre exemple que je trouvais douteux: ceux qui ont mentionné les 22 enfants blessés au couteau en Chine récemment, prétendant que l'exemple chinois indique que l'interdiction des armes a sans doute prévenu un massacre. Probable, mais il n'y a pas que les armes qui soient interdites en Chine. Le gouvernement fait beaucoup de ces "choix" pour le peuple chinois, et citer la Chine comme un modèle alors qu'on a affaire à un gouvernement quasi totalitaire me semble un peu exagéré. Je pense qu'on peut trouver de meilleurs exemples dans des pays plus démocratiques.

Finalement, ce que j'en pense? Que Newtown est une tragédie terrible, que je ne veux pas que mes enfants grandissent dans la crainte de subir un tel acte. Que l'accessibilité des armes, particulièrement des armes d'assaut, augmente la probabilité de tels événements. Qu'on devrait vivre dans une société où il n'est pas normal ni nécessaire de se promener dans la rue en étant armé. Que l'industrie de la peur a trop à gagner en convaincant les gens de se protéger de toutes sortes de façons. Qu'il est malheureusement normal pour un humain de vouloir se sentir en sécurité, et de prendre des mesures parfois... démesurées pour atteindre cet objectif. Que beaucoup de gens ont besoin d'aide et ne la trouvent pas. Et que peu importe les mesures prises, que ce soit pour les tueries ou les actes terroristes, le problème sera toujours le même: comment se protéger contre la personne qui, un beau matin, décide seule de commettre un acte irréparable? Aucune loi ne règlera ça complètement. Combattre le désespoir reste la meilleure garantie. C'est quand il n'y a plus d'espoir que l'irréparable devient la seule option.

samedi 15 décembre 2012

La neige

Depuis hier matin, l'hiver a laissé sa marque sur notre village.  Il y a une dizaine de cm au sol. C'est spécial de voir les palmiers enneigés et de voir comment on vit avec la neige ici.  La fin de semaine dernière, nous en avions eu un avant-goût.  Malheureusement à notre retour de ski dans les Grisons, tout avait disparu.  Adrien nous a dit:  «Où est ma neige?»  Parlant du ski, nous avons essayé le ski dans les Alpes la fin de semaine dernière.On a profité de la présence de Véronique:  3 enfants, 3 adultes, pas de désavantage numérique.  Le tapis magique se trouve sur le dessus de la montagne.  Martin et Adrien n'étaient pas déçus de rester sur le tapis:  ils avaient profité de la montée en télécabine.  Ils ont skié toute la journée, incroyable mais vrai pour Martin.  Ça descend longtemps, et c'est dur pour les jambes!  On skie au-dessus de la limite des arbres mais on peut revenir à la voiture tout en bas en une descente d'une quinzaine de minutes.

Hier matin donc, réveil vers 4h45:  la charrue passait dans la rue.  Luc a vu les autobus de Lugano avec les chaînes sur les pneus, j'ai vu la façon de déneiger les pentes trop raides à la souffleuse manuelle et les trottoirs à la pelle.  Il faut dire qu'il y a très peu de trottoirs ici.  Et il y a encore d''autres particularités...
Les pentes du village sont exploités pour glisser.  Il fallait voir la côte à côté de l'école hier avec tous les enfants qui glissaient avec des bobs (traineau en italien, dérivé du bobsleigh) ou des soucoupes.  Les enfants regrettent que nous ayons laissé tout le matériel de glissade au Québec.  Pour nous on ne pensait pas pourvoir glisser ici.  Il faudra voir où on pourra s'en procurer.  Aussi autre nouveauté ici, les batailles de boules de neige sont permises ici.  Xavier trouve cela difficile:  il n'a pas la même habileté que les enfants de son âge, il faudra qu'il pratique! (mais idéalement pas sur ses frères)
Sur le chemin de l'école...

Maintenant, la question:  combien de temps restera la neige?  Les paris sont lancés.

mercredi 5 décembre 2012

La Saint-Nicolas

Aujourd'hui, nous nous familiarisons avec les traditions tessinoises autour de la Saint-Nicolas.  D'abord le personnage s'appelle San Nicolao.  Il apporte aux enfants des mandarines et des petites douceurs (i dolcetti, je ne trouve pas la bonne traduction!)  Les jouets sont apportés par BabboNatale le 25 décembre.  Il y a aussi la Befana, mais on ne sait pas trop encore ce qu'elle fait.  On a encore un mois pour l'apprendre.  De par sa proximité avec l'Italie et le Nord de l'Europe, on a plusieurs personnages au Tessin.

Martin nous a renseigné sur San Nicolao.  D'abord il vit dans les montagnes.  On a appris que c'était près du Monte Generoso.  Il a un âne qui vole et qui l'aide à se déplacer.  La légende varie selon les pays, je sais que c'est un peu différent dans le nord de l'Europe...  Aujourd'hui, comme tous les mercredis matins, Martin avait son avant-midi dans la forêt.  Adrien et la classe de 1ère sont venus les rejoindre.  Puis un mystérieux personnage est arrivé sur un scooter.  eh oui!  San Nicolao est venu faire son tour dans la forêt pour remettre aux enfants une poupée de pain.  Il y avait un sac pour chaque enfant.  Il en avait aussi laissé aux plus grands dans une hotte qu'il avait laissée devant la porte de l'école.  San Nicolao qui ne se déplace pas aussi vite que le Père Noel doit s'y prendre un peu d'avance pour visiter toutes les écoles!  C'est pour cela qu'on l'aperçoit le 5 décembre.  Ceci dit, son costume ressemble beaucoup à celui qui se promène la nuit du 24 décembre...  Martin les mélange parfois!

Cet après-midi, (pas d'école les mercredis après-midis) les enfants ont fait de la boulangerie.  Ils étaient inscrits à une activité de fabrication de bonhomme en pain à l'épicerie.  Ils ont enfilé tablier et chapeau, et sont allés tout près des fours industriels de l'épicerie.  Ils ont fabriqué des hérissons et un lapin, puis ils les ont décoré avec des raisins, des amandes et des noisettes.  Le tout en italien bien sûr pendant que je faisais l'épicerie.  Quelle bonne odeur au retour dans l'auto!!!  Il paraît que cette activité revient tous les ans.  Luc et moi aurions bien aimé participer à l'activité!




Le résultat de la boulangerie

samedi 1 décembre 2012

Nouvelles en vrac!

Bonjour à tous,

Le temps passe vite, et donc on écrit peu! Par contre, on ne peut pas dire que c'est tranquille.

Nouvelles brèves:

Lugano est la ville des sapins de Noël volants. J'en ai vu un, et j'étais sobre. Alors que je discutais tranquillement dans mon bureau avec mon patron et un collègue, quelle ne fut pas notre surprise de voir descendre du haut des airs un gigantesque sapin (à l'oeil, 6-7 mètre de diamètres au sol, et une 12aine de haut!). La ville prend ses airs de Noël, et les sapins sont livrés en... hélicoptère. On aime bien jouer avec les hélicoptères en Suisse, que ce soit pour livrer des sapins en ville, ou encore des matériaux de construction dans des villages reculés. La preuve ultime que je n'ai pas rêvé: les camarades de classe de Xavier et Adrien ont aussi vu passer un sapin volant de la fenêtre de la classe. Quand ils ont crié "sapin volant!", Xavier n'a même pas bronché: il a l'habitude d'avoir un paternel qui crie "Volée de castor" en pointant le ciel...

J'ai participé au petit marché de Noël de Caslano, ville voisine de notre demeure. Le club de volley dont je fais partie y vendait de la soupe à l'oignon se réchauffant paresseusement sur un petit feu de bois, des sandwichs à la luganega (saucisse fraîche locale), du vin chaud et des livres usagés. Aussi, le populaire concours "devinez le poids de ce saucisson". La soupe fait du bien, mais pas autant que le vin chaud! Beaucoup d'affluence pour une petite foire d'artisanat local et de brocante. Les gens participent en grand nombre aux activités traditionnelles locales.


Un copain d'Adrien est à l'hôpital, il est passé le voir pour lui remonter le moral. Contraste: plusieurs points de contrôle avant de se rendre à la chambre, et en dehors des visites, c'est presque impossible!

Martin nous raconte à sa façon les traditions de Noël. Entre San Nicolao, Babbo Natale et la Befana, il faut se démêler (et ce n'est pas fait encore). Chose certaine, c'est qu'entre le 6 décembre et le 6 janvier, ça fêtera souvent. Les couronnes de l'avent avec quatre chandelles sont de mise, mais les maisons sont peu décorées. De notre côté, le sapin est fait, avec la complicité des petits, les pneus d'hiver sont posés, la bordée de neige annuelle peut tomber! Le ski commence ce week-end à Airolo (environ 75 minutes de route de chez nous), il est tombé plus de 70mm de pluie cette semaine à Lugano, vous pouvez déduire ce qui est tombé en altitude.

L'italien de tout le monde s'améliore, surtout les petits (frustrant, mais on s'y attendait!). Nous avons choisi sans le savoir un petit coin de pays très accueillant. Les professeurs sont excellents et contribuent de façon exceptionnelle à l'intégration des petits. Les voisins nous saluent tous, et tous savent que "il nuovo canadese" n'est pas un joueur de hockey (petite déception des locaux ici...), mais notre histoire attire toujours des questions de gens intrigués: mais qu'est-ce que vous foutez ici?!

Je suis allé luncher vendredi midi avec des collègues. Imaginez la scène: j'étais avec l'aile espagnole du bureau, qui parlent tous italien, avec moi le pauvre qui baragouine l'italien et avec qui une véritable conversation n'est possible qu'en anglais ou en français. Soyons honnêtes: je comprends la majorité de ce qui se dit en italien maintenant, quand le débit du langage me le permet. Par contre, la parole ne suit pas encore, mais j'y travaille. Au bureau, c'en est presque comique. La langue de travail, c'est l'anglais. Mais j'ai eu des rencontres en italien, où je pouvais répondre en français, et tutto va benissimo! Le hic, c'est que je travaille actuellement avec des gens de Zürich sur des trucs contractuels, et je frappe un mur: plein de documentation en allemand. Yikes! Donnez-moi une chance s'il vous plaît! Peut-être devrais-je les menacer de répondre en joual.

On a finalement trouvé une vraie quincaillerie, notre Rona l'Entrepôt local, à trente minutes de voiture, de l'autre côté de la montagne. Seul hic: c'est assez loin pour donner le mal des transports à Adrien. Il est entré dans le temple du bricoleur en marchant en pingouin... Je commence à m'y retrouver avec les mesures métriques pour les vis et autres bébelles, et je comprends de mieux en mieux comment la maison est faite. Ce matin, alors que je me préparais à la grande opération: attaquer la maçonnerie avec une grosse mèche et la perceuse à percussion pour planter une vis qui retiendra un volet, surprise! Le crépi ne fait que quelques millimètres d'épaisseurs, et ensuite une couche isolante de particules de styrofoam. Trou fait en 2 secondes, opération complétée en 2 minutes, après un bon 15 minutes de préparation. J'avais l'air d'un vrai champion! Prochaine étape: comprendre comment les enduits muraux intérieurs et les peintures fonctionnent. Pas de semi-lustré ici, et ça vient même parfois dans un bac de plastique carré. De kessé? Il faudra que je trouve le M. Bricole local pour m'aider.

À bientôt!

Luc.